École primaire : la Cour des comptes dénonce un système « en échec » et propose des solutions
L’école primaire est-elle en train de décrocher ? C’est la question choc posée par le tout dernier rapport de la Cour des comptes, publié ce mardi 20 mai 2025. Car malgré des moyens financiers en hausse et des effectifs d’élèves en baisse, les résultats stagnent et les inégalités persistent. Le système est « en décalage avec les besoins des élèves », alertent les magistrats, qui appellent à une refonte urgente de l’organisation et des priorités de l’école.

La dépense consacrée à l’école primaire a augmenté sans améliorer les résultats, déplore la Cour des comptes
Dans son rapport, la Cour des comptes note que « la dépense consacrée à l’école primaire » a augmenté depuis « 10 ans », mais que cela n’a pas permis d’améliorer les résultats ni de résorber les inégalités, en particulier « la proportion d’élèves en difficulté majeure ». Les résultats scolaires des élèves français « déclinent par rapport à ceux de leurs voisins européens », soulignent les Sages. « Les évaluations internationales classent ainsi la France parmi les derniers pays européens en termes d’acquis fondamentaux pour les élèves », rappellent-ils.
L’organisation du temps scolaire, qui sera au cœur des débats de la convention citoyenne sur les temps des enfants, est vivement critiquée. La semaine de 4 jours, redevenue majoritaire depuis 2017, est jugée « néfaste pour le rythme biologique des enfants ». Les magistrats regrettent l’abandon de la réforme de 2014, qui visait à instaurer la semaine de 4 jours et demi. Pour eux, il est nécessaire d’« assurer une cohérence entre activités scolaires, périscolaires et extrascolaires » afin d’améliorer le bien-être des élèves.
Une centralisation excessive du système éducatif
La Cour des comptes pointe également une centralisation excessive du système éducatif, qui n’intègre pas suffisamment tous les acteurs. Les enseignants, acteurs clés de la réussite des élèves, voient leur rôle « mal encadré ». Le rapport souligne que la formation initiale fait régulièrement l’objet de réformes sans que chacune d’entre elles donne lieu à « une évaluation définitive ». Surtout, elle n’a pas vocation à répondre à toutes « les exigences futures ».
Le rapport de la Cour des comptes consacre une attention particulière au rôle des directeurs d’école, qu’il juge aujourd’hui « trop ambigu » et « insuffisamment valorisé ». Selon les magistrats, « le directeur est soit un primus inter pares, c’est-à-dire un enseignant n’ayant qu’une simple prééminence sur ses collègues, soit il bénéficie d’une forme plus ou moins explicite d’autorité et de capacité de gouvernance vis-à-vis de l’équipe éducative ». Cette absence de statut clair limite fortement leur capacité d’action et d’impulsion au sein des écoles.
La Cour des comptes recommande de créer un statut spécifique de directeur d’école
Pour remédier à cette situation, la Cour recommande « de créer un statut spécifique de directeur d’école » ou, à défaut, de généraliser progressivement une décharge totale pour permettre à ces derniers d’exercer à temps complet, en commençant par les écoles regroupées. Les Sages préconisent également une refonte de la gouvernance des écoles afin de donner aux directeurs « les leviers en termes de pédagogie » et de renforcer leur rôle dans la coordination avec les collectivités locales et autres partenaires.
Et pour lutter contre le manque de professeurs dans certaines académies, la Cour recommande d’« adapter les modalités de recrutement » dans les académies en difficulté, en offrant « une affectation par département », et pas « par académie ».